Le fait que je puisse croire en la chance montre à quel point je peux être naïve. Depuis quelque temps, j'ai cessé de l'être. J'ai ouvert les yeux et j'ai enfin aperçu le monde comme il était. Lorsqu'on parlait du réchauffement climatique, j'étais comme les autres, je me disais que ça allait s'arranger. Mais non ! Nous voilà coincer dans des bâtiments alors que plus de la moitié de la population terrienne est morte. Avant j'étais d'une nature optimiste, maintenant je ne le suis plus. Comment être optimiste alors qu'on peut mourir gelé ? Je n'y arrive plus, c'est au-dessus de mes forces. Même si parfois, je retrouve de mon ancienne personnalité, je ne suis plus tellement la même. Je suis restée sensible. Je suis à fleur de peau. Mon instinct maternel s'est réveillée en même temps que le déluge. J'ai essayé tant que j'ai pu de sauver ces personnes qui ne demandaient que mon aide mais je ne pouvais rien faire. Quand tout cela sera terminé, j'aurai dû mal à me réinstaller une routine. Cet événement m'a trop marqué pour fermer les yeux et reprendre ma vie. Une question subsiste, bien plus que les autres. Mon frère est-il vivant ? J'avais déjà des doutes avant cette catastrophe naturelle. Aujourd'hui, j'en doute encore plus. Je me demande si un jour, je le reverrais. Je me refuse de faire mon deuil même si dans le fond, je me dis que je ne le verrai plus jamais, qu'il est mort depuis longtemps. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Il a été d'un réel soutien pour moi, il a fait partie de ma vie. Il a été le frère protecteur qui m'a aidé pendant toute ma vie.

Avant cette catastrophe, j'étais une femme pleine de vie, aveuglée par sa naïveté. J'étais heureuse. Tout simplement. Je faisais le métier que j'avais toujours voulu faire, j'avais un super appartement, de bons amis sur qui compter. Malgré cela, un vide restait. Celui de mon frère. Il avait été important pour moi pendant toute ma vie et depuis qu'il avait disparu de la circulation, je ressentais un grand vide. Un vide qui grandissait au fil des jours. Depuis la catastrophe, cette blessure béante n'a fait que se cicatriser. Je ne perd pas l'espoir de revoir un jour mon frère même si je trouve cela impossible. Il avait disparu depuis trois ans, il n'allait pas réapparaitre du jour au lendemain. James ne m'avait jamais gêné. Bien au contraire. Il était un frère génial. Il me faisait rire, il me consolait, il me conseillait, il m'aidait et plus important encore, il m'aimait. J'aurais aimé l'avoir toujours à mes côtés. Si ça n'avait pas été mon frère, James aurait été mon petit ami idéal ou mon meilleur ami. Etant mon frère, je ne pouvais pas l'élever à ce niveau. J'espère juste qu'un jour, je le retrouverai et que je trouverai un futur mari aussi bien que mon frère. Tant d'espoirs qui ne seront sûrement pas exaucés. Je sais que la fin est proche. L'espèce humaine disparaître bientôt si on ne survit pas à la température glacial. C'est fou. Il y a deux ans, je me voyais mariée et mère de trois jolis petits enfants. J'aurai un bon mari, cheveux bruns yeux gris, il laisserait sa barbe pousser quelques fois. Il aurait un charme fou et il serait pleins de qualité, il m'aimerait et me trahirait jamais. J'aurais deux garçons et une petite fille. Ils auraient les cheveux de leur père et mes yeux. Leur tonton James serait là tous les week-ends et leur apporterait des cadeaux à chaque fois qu'il viendrait. Une famille idéal. Que d'illusion.

Ma vie n'est faite que de ça, des illusions. Aujourd'hui, dans la situation actuelle, je ne peux plus me permettre de rêver. J'ai mûri depuis la catastrophe. Ces journées entières à attendre, enfermer dans la bibliothèque. On ne savait même pas ce qu'il se passait dehors. On entendait le vent souffler à l'extérieur et s'engouffrer sous les portes. Par les fenêtres, on voyait la pluie tomber sans cesse. Parfois, on apercevait un rayon de soleil ou une personne qui bravait la tempête. On ne savait pas combien on était de survivants, on ne savait pas si d'autres personne avaient réussi à se protéger de la tempête ailleurs que dans la bibliothèque. On ne savait rien. On était emprisonné du monde qu'on avait crée. C'était nous qui l'avions abîmés avec la pollution, les voitures... Il était tout à fait normal que cela nous retomber dessus. Si je devais mourir et que je devais faire un bilan de ma vie, je dirais que ma vie n'avait pas abouti, que de nombreux rêves resteraient irréalisés. Mais ma vie avait été heureuse. C'est tout ce qu'il importe. Je ne regretterai rien, à part le fait de ne pas avoir connu mes enfants et mon mari. Des enfants qui ne verraient jamais le jour.

J'ai parlé de mon histoire, de mon caractère mais pas de mon physique. Il faut que je le fasse, autrement, vous n'arriverez pas à imaginer ce que je vis, vous personne ayant trouver ces quelques feuilles. Il faudra aussi que j'aborde les raisons qui m'ont poussés à écrire cela. Mais passons. J'ai encore des détails à voir avec vous. Comme mon identité. Je m'appelle Charlie. Pourquoi Charlie me direz vous. D'autant plus qu'on associerait plus ce prénom à un garçon. Et bien, mes parents s'étaient attendus à avoir deux enfants de sexe différent. Ils ont opté pour un prénom qui irait à peu près au deux sexes. Je suis tombée sur Charlie. Beaucoup pense que cela vient du prénom Charlotte mais ils ont tort. Si ma sœur était née vivante, ils l'auraient appelés Jordan. Je sais. Un peu étrange, mais bon. On ne choisit pas ses parents, n'est-ce pas ? Mon deuxième prénom est, contrairement au premier, plus féminin voir beaucoup plus féminin. Adeline. Certaines personnes préfèrent m'appeler par mon deuxième prénom. Je n'y vois pas d'inconvénient. Après tout, ce prénom est tout aussi important que l'autre. Mon nom de famille est Stones. Comme dans les Rolling Stones mais ça n'a rien à voir, enfin je crois. Maintenant, vous connaissez mon identité. Charlie Adeline Stones. Tout ça ne sonne pas très bien. M'enfin, je ne vais pas changer d'identité rien que pour que cela sonne mieux.

Physiquement, je ressemble à une femme en bonne santé. Je suis le genre de femme qui illustre bien l'image qu'on les hommes d'une belle femme. Des rondeurs là où il faut, des lèvres pulpeuses, des cheveux blonds etc. Vous voyez le genre ? Je suis souriante, enfin j'étais. Depuis la catastrophe, j'ai dû mal à être heureuse. On ne peut pas m'en vouloir. Qu'ils soient blonds ou bruns, mes cheveux sont toujours coupés au niveau des omoplates. Parfois plus haut. Tout dépend de mon humeur du moment. Depuis cette tempête horrible, je ne me suis pas coupé les cheveux. Ils ont eu la possibilité de bien pousser. Je prend soin de mon physique en m'épilant, en me maquillant... J'aime me sentir bien dans ma peau et ça commence par le physique. Je n'y peux rien. J'ai attiré beaucoup les convoitises grâce à mon corps mais les hommes ne m'intéressaient pas toujours. C'était un inconvénient d'avoir un corps comme le mien. C'est quand je rencontrais des hommes trop collants que mon frère entrait en jeu. Il s'en débarrassait rapidement. Pour avoir plus de détails sur mon physique, je vais vous dire que j'ai des yeux bleus, des cheveux blonds que je teignais en brun si j'en avais l'envie. Je pouvais tout aussi bien les boucler, les accrocher, les couper... J'avais une frange coupé juste au-dessus des yeux que je repoussais parfois parce qu'elle me gênait. J'avais la peau blanche que même les rayons du soleil ne pouvait faire dorer. Des sourcils épilés couleur miel. Une bonne poitrine qui me complexait pendant mon adolescence mais que j'ai apprit à accepter avec l'âge. Un corps plutôt svelte qui est dû au sport que je pratiquais régulièrement.

Les raisons qui m'ont poussés à écrire ces mots sont simples : si un jour, l'espèce humaine réapparait sur Terre. J'espère bien qu'elle trouvera mes écrits et qu'elle comprendra ce qu'il s'est passé même si je n'explique pas bien la tempête, le réchauffement climatique ou autre. D'autres survivants l'auront fait avant. J'ai juste l'espoir que mes écrits serviront un jour à quelque chose. Que se soit pour me rappeler cette triste période de ma vie ou pour témoigner de l'horreur que nous avons subit et que nous avons fait subir à la planète. Et puis, je trouve que c'est toujours bien de vider son sac en écrivant. C'est une manière comme une autre de se défouler et d'exprimer nos sentiments. Je pense avoir tout dit. Je me suis présenté, je vous ai parlé de ma vie, de mon caractère, de mon physique... Pour le moment, je ne vois rien d'autre à ajouter. C'est donc ici que je termine ma lettre. Beaucoup suivront la trace de cette première lettre, enfin je l'espère. Si je ne suis pas morte d'ici là.